Ensuite, j’ai proposé aux jeunes de chanter les notes avant de les reproduire sur instruments. L’idée m’est venue après avoir vu quelques extraits de vidéos d’ateliers, où des enfants essayaient de répliquer des lignes mélodiques simples jouées devant eux au piano.
Le problème est qu’en les faisant jouer une ligne sans leur apprendre à la chanter, c’est uniquement la mémoire visuelle qui est stimulée. Elle est certes indispensable pour la pratique, mais elle est secondaire dans l’apprentissage.Car si l’on n’est pas lecteurs et “maîtres” du solfège, la seule façon d’apprendre c’est d’utiliser seulement son oreille pour se guider musicalement. En tant que musicien de jazz, je suis souvent confronté à l’exercice de la retranscription d’un solo improvisé : étant donné la complexité de ces mélodies, il faut s’imposer une méthode. Pour moi, ça a systématiquement été l’apprentissage de la mélodie d’abord, et avant tout sans instrument ! Et c’est seulement après que je reproduisais ladite mélodie sur mon instrument. Cette méthode pourra être ensuite et de manière bien plus logique et naturelle reproduite pour l’apprentissage d’harmonies complexes, même à partir de partitions. Sans cela, la mémoire visuelle est trop sollicitée et l’interprétation du morceau en question laissée au second plan, ce qui donne naissance à de la musique qui n’est pas empreinte de sentiments, et qui souffre d’un manque cruel de passion. Quel dommage !